44ème Congrès du Groupe Français des Pesticides, 26-29 mai, Schoelcher, France
Gaillard, J., Bonnefille, B., Iuretig, A., Pallez, C., Thomas, M., Feidt, C., Dauchy, X., Banas, D.
2014
Lors de l’épandage de pesticides sur les surfaces agricoles, une faible part des produits atteint la cible souhaitée. Les pesticides dispersés dans l’environnement peuvent être entraînés vers les eaux de surface par différents processus tels que le ruissellement et les dépôts atmosphériques. Depuis quelques années, plusieurs études ont montré l’intérêt des zones humides situées en aval des bassins versants agricoles. Ces dernières permettraient une rétention voire une dégradation de certains pesticides. Les étangs de barrage, généralement situés en tête de bassin versant, sont des zones de transition entre le milieu terrestre et les cours d’eau pouvant être amenés à jouer, eux aussi, un rôle de « tampon ». La phase de vidange, nécessaire à la pêche et à un alevinage raisonné des espèces d’intérêt piscicole, pourrait être une phase critique de relargage des pesticides vers les écosystèmes aval. La capacité de rétention des étangs de barrage et leurs rejets lors d’un épisode de vidange ont été quantifiés pour les nutriments et les matières en suspension.
L’objectif de notre étude est d’évaluer le rôle des étangs de barrage à vocation piscicole sur les transferts de pesticides de manière qualitative et quantitative. Trois étangs principalement alimentés par un cours d’eau et se déversant à un exutoire unique ont été sélectionnés sur le Plateau lorrain, partie orientale du bassin parisien (argilites, marnes). Ils sont localisés en tête du bassin versant de la Seille, affluent de la Moselle.
Les trois étangs sont alimentés par des bassins versants de tailles différentes (345, 86 et 64 ha). Ces trois bassins versants présentent une occupation des sols qui diffère. Les deux premiers sont presque exclusivement des bassins versants agricoles (plus de 90 % de leur surface) alors que le dernier étang présente une occupation des sols majoritairement forestière (72 %). Une vaste campagne de mesures et de prélèvements a été effectuée entre mars 2013 et mars 2014. Des stations fixes de mesure physique (hauteur d’eau) et d’échantillonnage (préleveur automatique) ont été installées sur les cours d’eau à l’entrée et à la sortie de chaque étang. Les échantillonnages ont été réalisés bimensuellement sur une période de 24 heures à l’aide des échantillonneurs automatiques. Les pesticides ont été analysés dans la phase dissoute des échantillons. Les analyses ont été effectuées par LC-MS/MS (chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem) après une extraction sur phase solide.
Les analyses effectuées portaient sur 112 pesticides (molécules mères et métabolites) appartenant à différentes familles chimiques telles que les triazines (15 pesticides), les triazoles (11), les sulfonylurées (10) et les urées (8). Les types de pesticides les plus représentés sont les herbicides et les fongicides (79 et 21 substances). Lors des analyses 56 pesticides ont été détectés dont 42 ont pu être quantifiés. Seuls 19 d’entre eux ont été quantifiés dans les trois étangs.
Mots-clés : Flux, Pesticides, Etangs, Zones humides, Bassins versants agricole et forestier