La Sargasse est une algue brune largement présente et commune dans la plupart des océans, 335 espèces sont recensées (Soto et al. (2015)) même si les Sargasses se répartissent majoritairement (90% de la population) entre deux espèces, S.fluitans et S.natans (Thompson et al. (2020)). Les variations de composition des Sargasses sont notamment dues à la diversité d’espèces de ce groupe mais sont aussi dépendante de de la période de prélèvement et de leur localisation dans le monde (McKennedy et al. (2015)). Ainsi, la famille des algues brunes est caractérisée par une composition générale de 70-90% d’eau, 10-15% de MS, 8-23% de protéines et de 0,3-6% de lipides (pourcentage exprimé en fonction de la Matière sèche des algues, Thompson et al. (2020)). Ainsi, on relève des variations des matières sèches de 12,6% à 15,25%, des protéines de 5,4% à 23,6% et des lipides de 0,3% à 4,5%. Les Sargasses sont également riches en éléments minéraux tels que le sel (15,2% en poids), l’aluminium (37,5 ), l’arsenic (123,69 ), le fer (3811,37 ) ou encore le zinc (5,81 ) Milledge et al. (2020). La Sargasse, présente dans les océans, joue un rôle écologique important notamment en tant que refuge et nurserie de nombreuses espèces marines (Dan Laffoley et al. 2011).  

Cependant, depuis 2010, la Sargasse devient une menace en particulier pour toute la zone Caraïbes (Soto et al. (2015)). Une fois les algues échouées sur les côtes, leur dégradation s’opère très vite en raison des températures élevées. Cette dégradation entraine la production d’hydrogène sulfuré (H2S) qui impact fortement la santé des populations exposées. Cette algue a également des conséquences néfastes d’un point de vue environnemental puisque qu’elle perturbe les cycles biologiques de la faune et la flore (Thompson et al. (2020)). Ainsi, les arrivages massifs de Sargasse mesuré depuis 2011 constituent un problème majeur sur les côtes antillaises, entraînant sa classification en algue invasive sur le territoire des îles (Préfecture de Guadeloupe).

L’ANR SAVE (Sargassum Agricultural Valorization and Energy production) a pour principal objectif d’étudier la possibilité d’une valorisation des Sargasses par méthanisation afin de générer deux produits à haute valeur ajoutée : du biométhane comme source d’énergie verte et du digestat valorisable en agriculture. Le projet se focalise sur un territoire, la Guadeloupe, où plusieurs dizaines de milliers de tonnes de Sargasses se sont échouées en 2018. Cette valorisation par méthanisation présente plusieurs freins potentiels : d’une part la concentration en sel des Sargasses peut avoir une influence sur la digestion anaérobie, en effet, le sodium contenu dans le sel peut jouer un rôle d’inhibiteur (Zhang & al. (2017)). D’autre part, la question des métaux lourds contenus dans les Sargasses, outre une possible inhibition de la digestion anaérobie, soulève la question de la pollution des sols à long terme après épandage répété du digestat, en particulier, la question de l’Arsenic apparaît fondamentale.