8ème Journée de la Recherche, Filière Piscicole, 02-03 juillet, Rennes, France
Chevalier, C., Praion, M., Ledore, Y., Lecocq, T., Silvestre, F., Schaerlinger, B., Milla, S.
2024
La diversification, c’est-à-dire la production de plus d’espèces différentes, est une des solutions potentielles pour améliorer la durabilité de l’aquaculture. La production d’une nouvelle espèce en aquaculture demande son entrée dans le processus de domestication. Cependant, celui-ci est un processus long, difficile et couteux qui mène souvent à l’échec. Ainsi, comprendre et conceptualiser les effets de la domestication sur les phénotypes des poissons devient alors d’une importance capitale afin de limiter ces échecs et de diversifier l’aquaculture. Or, il existe peu de connaissances sur les changements que subissent les poissons dans les premières générations de domestication.
Dans ce contexte, l’objectif de cette étude est d’analyser comment une espèce modèle pour l’aquaculture, le poisson zèbre (Danio rerio), évolue lors des premières générations de domestication.
Nous étudions sur les trois premières générations (F1 à F3), issues d’une population sauvage (F0), des traits biologiques liés aux performances aquacoles et connus pour être modifiés par la domestication (croissance, reproduction, bien-être), dans un environnement constant et contrôlé. Aucune sélection artificielle n’est appliquée. Les analyses incluent des contrôles de croissances réguliers, le suivi de l’apparition de la puberté, l’évaluation des paramètres de reproduction (fécondité absolue, qualité du sperme, fécondation), l’évaluation du niveau de stress (comportement, marqueurs physiologiques) ainsi que l’analyse du niveau d’agressivité des individus. Les résultats sont comparés entre générations et à une population domestiquée depuis plusieurs décennies (Lab).
Les premières comparaisons montrent que la population Lab a un poids et une taille significativement supérieurs aux premières générations. Des différences comportementales sont également notables, F0 et F1 étant caractérisées par des comportements de stress tandis que Lab adopte un comportement plus agressif. Cependant, aucune différence n’est constatée sur les niveaux de sérotonine, cortisol et glucose (marqueurs de stress).
Pour de nombreuses espèces aquacoles, l’adaptation au système de production au cours des premières générations de poissons est souvent difficile. Notre étude montre que les différences sont principalement observées entre les F1 ou F2 et la population Lab, évoquant que, pour les traits analysés et dans des conditions connues pour être favorable à cette espèce, les variations ne sont pas visibles dès le début du processus de domestication. Ceci souligne l’importance de bien choisir en amont les espèces à domestiquer et de connaitre leurs conditions d’élevage idéales, car la domestication ne modifie pas rapidement les prédispositions à celle-ci.